La fermeture d’une affaire a toujours un impact plus ou moins lourd sur le tissu économique local. Pourtant bien souvent, ce ne sont pas d’éventuels problèmes financiers qui sont en cause mais simplement l’absence d’un repreneur.

Départ à la retraite, difficultés passagères mais que l’on n’arrive plus à surmonter ou simple besoin de changer d’air… Les raisons qu’a un dirigeant de céder son entreprise sont multiples. En France, près de 19 000 entreprises sont cédées à des tierces personnes chaque année, mais il en existe encore plus qui ne trouvent pas de repreneur et disparaissent tout simplement de la circulation. D’après le dernier rapport de l’observatoire Cédants et Repreneurs d’Affaires (CRA) de la transmission d’entreprise, une entreprise en cession sur quatre ferme définitivement ses portes faute de repreneur. Clients, salariés et prestataires se retrouvent alors sur le carreau bien qu’aucune difficulté financière n’ait joué un rôle dans cette fermeture définitive. Un effet boule de neige qui impacte un plus grand nombre de personnes qu’on ne le croit, et qui se répercute sur tout le tissu économique local, voire national.

Transmettre son entreprise, l’ultime mission d’un entrepreneur

Le rôle du chef d’entreprise ne consiste pas seulement à faire prospérer son affaire, mais aussi à préparer son avenir et veiller à sa bonne transmission. Car de nombreuses personnes dépendent de son activité, que ce soit directement ou indirectement. D’ailleurs, le Sénat a publié en février 2017 un rapport d’information sur le thème « Moderniser la transmission d’entreprise en France : une urgence pour l’emploi dans nos territoires », pointant ainsi l’importance de la reprise d’entreprise dans l’économie française. Souvent, les entreprises qui ne trouvent pas de repreneur sont les TPE et PME de taille insuffisante pour affronter la concurrence internationale. Des sociétés bien implantées dans le tissu économique local qui font vivre de nombreuses personnes et qui, lorsqu’elles disparaissent, dévitalisent des territoires entiers et ne laissent plus sur le marché que les gros acteurs. Dans la majorité des cas, c’est aussi tout un savoir-faire qui s’éteint. Autant de facteurs qui nuisent à la bonne santé de l’économie française et qui auraient pu être évités par la transmission de l’entreprise à un tiers.

Sécuriser la transaction pour faciliter la transmission

Une reprise d’entreprise coûte 786 000 euros en 2016 (source : CRA), un coût moyen qui a peu varié au cours des dernières années. Cette somme, peu de repreneurs peuvent s’en acquitter avec leurs seuls fonds propres et le recours à des financements externes s’avère bien souvent incontournable. Sans compter que la question de la sécurisation de la transaction est essentielle.

« La reprise, c’est l’histoire d’une rencontre entre un cédant et un repreneur mais c’est aussi une question de montage financier. »
Arnaud Schwartz, directeur commercial d’Unilend.

Une banque exigera généralement un apport personnel compris entre 20 et 30% du montant total de l’opération pour donner son aval. Mais il est possible de faire intervenir un troisième acteur en plus de ses fonds propres et de la banque : le financement participatif. Il arrive de plus en plus que des repreneurs se tournent en effet vers les plateformes de financement participatif avant de solliciter un crédit bancaire. A titre d’exemple chez Unilend, 15% des projets à financer concernent des reprises d’entreprises. « Lorsqu’il nous contacte, le repreneur a généralement déjà signé un compromis de vente, il faut donc aller vite. En 48 heures, nous étudions le dossier et donnons une réponse de principe. Si c’est oui, nous ajoutons des conditions suspensives : le repreneur doit solliciter une seconde demande de financement, généralement bancaire, pour finaliser l’opération », détaille Arnaud Schwartz. Ce montage financier tripartite entre la plateforme, la banque et le repreneur sécurise toutes les parties prenantes puisque la reprise est cofinancée par le banquier et la plateforme. « Nous travaillons de concert avec les banques de façon à sécuriser le plan de financement », résume Arnaud Schwartz.

Fixer le prix de vente, une étape cruciale

Lorsqu’un cédant trouve un candidat à la reprise, la question du prix arrive rapidement dans les échanges. Et pour cause, les deux parties cherchent à réaliser la meilleure affaire possible. Mais estimer la valeur marchande d’une entreprise est une affaire complexe et trouver le juste prix, qui conviendra au cédant comme au repreneur, n’est pas chose aisée. Quatre techniques existent pour estimer le prix de vente d’une entreprise :

  • La première est la méthode patrimoniale qui consiste à évaluer les différents actifs de l’entreprise (stock, clientèle, matériel, etc.) auxquels on a soustrait les dettes.
  • La deuxième technique est la méthode de rentabilité, très utilisée par les banques : il s’agit de valoriser la société en fonction du chiffre d’affaires qu’elle peut dégager et du bénéfice possible.
  • Troisième méthode : celle des flux de trésorerie actualisés. Cela consiste à évaluer les futurs flux d’exploitation et de trésorerie et d’en déduire un business plan, généralement sur cinq ans.
  • Dernière option possible, la méthode comparative. Comme son nom l’indique, cette technique revient à comparer les prix de vente d’entreprises du même secteur d’activité, de taille et de chiffre d’affaires similaires, implantées dans une même zone géographique et de s’en inspirer pour fixer un prix plus ou moins proche. Une méthode souvent utilisée par les cédants et les banques.